L'Acroyoga : entre vol et chute, la sécurité avant tout

31 janvier 2024 - Acrobatie - Commentaires -

Fractures aux doigts, poignets cassés, épaules déboîtées et j'en passe. Je ne cite ici que des cas qui sont arrivés l'été dernier lors de jams. Je ne sais pas si l'augmentation des blessures est due à un relâchement en matière de sécurité ou par manque de connaissance, mais il est impératif  que cela prenne fin. Cet article a pour but de rappeler quelques notions importantes à tenir en compte dans votre pratique afin d'éviter les accidents.

FABRICE PIÑOL

La pratique de l'acroyoga est à la fois passionnante et exigeante sur le plan physique. Bien que cela apporte de nombreux bienfaits, il est essentiel de prendre des mesures pour prévenir les blessures. Dans cet article, nous explorerons les conseils et les exercices qui vous aideront à maintenir votre sécurité et votre bien-être pendant votre pratique d'acroyoga.

1. Echauffement systématique

L'échauffement n'est pas une option: Il prépare physiquement et mentalement à la pratique. Des articulations et des muscles échauffés minimisent les risques de déchirures ou d'autres blessures. Il est fréquent d'observer des personnes arriver à une jam et débuter immédiatement des figures avancées. Ne lésinez pas sur le temps de préparation.

Si vous souhaitez en savoir plus à ce sujet, n'hésitez pas à aller lire l'article Echauffement et récupération.

2. Progression progressive

Comme pour tout édifice, les fondations de l'acroyoga doivent être solides, afin de pouvoir construire dessus. Cela signifie de commencer par apprendre des positions de base et des transitions simples, idéalement sous la supervision d'un instructeur expérimenté. Il arrive parfois que l'enthousiasme nous pousse à essayer des figures hors de portée. La précipitation est l'ennemie de la compétence. Pour tous les mouvements avancés, il existe des étapes intermédiaires et des progressions qui permettent d'y arriver de manière sécuritaire et dans les meilleures conditions.

3. Communication claire

La confiance et la communication sont la colonne vertébrale de l'acroyoga. Les partenaires doivent maintenir une communication constante, que ce soit à travers les mots ou la compréhension mutuelle des langages corporels. Plusieurs aspects gravitent autour du thème de la communication en acroyoga.

Il est important d'avoir un mot code permettant d'interrompre un mouvement en cas de problème. Généralement, on utilise "down" qui a été instauré à la base par Acroyoga International, mais on peut en imaginer d'autres, l'important est que cela soit clair. Tous les partenaires peuvent utiliser ce mot d'arrêt.

Il est également crucial de pouvoir communiquer ses limites, qu'elles soient physiques ou personnelles. Aucun partenaire ne devrait se sentir poussé à tenter une figure qui le met mal à l'aise.

Un bon communicateur est également quelqu'un qui sait écouter. Savoir écouter activement permet non seulement de recevoir l'information, mais de comprendre l'intention et les besoins de son partenaire. Il ne faut pas hésiter à prendre le temps de clarifier une information qui nous paraîtrait floue.

Faire des "check-ins" régulier pour s'assurer que tout le monde se sente à l'aise et confiant dans son rôle et dans les progressions en cours peut également éviter de mauvaises surprises.

Je vous invite à lire l'article 10 conseils en communication pour transformer votre pratique de l'acroyoga qui développe ce thème.

4. Spotter

Le rôle du 'spotter' est crucial. C'est lui qui assure la sécurité en guidant et en protégeant les partenaires de jeu. Une connaissance des positions adaptées pour 'spotter' est importante pour prévenir la majorité des chutes accidentelles. En cas de doute sur une acrobatie, n'hésitez pas à demander un ou plusieurs spotters. Vous n'êtes que 2 et n'avez personne à disposition? Soyez patient et remettez cette acrobatie à la prochaine session avec un ou plusieurs spotter.

J'ai écrit un fil rouge sur le spotting dans l'article L'abécédaire du spotting que je conseille vivement de lire et relire.

5. Flyer

La grande responsabilité du flyer: être attrapable! (Les anglophones disent: "be catchable") Lorsqu'on évolue dans les airs, le flyer n'est pas une simple feuille portée par le vent, mais un acteur conscient de sa trajectoire. Dans les moments où l'équilibre est menacé, sa capacité à rester 'attrapable' peut faire toute la différence. Souvent, pour être bien attrapé, le flyer doit faire confiance à sa base et à son spotter, et éviter les mouvements brusques ou chaotiques. Un partenariat réussi en acroyoga repose sur la confiance et la capacité de se remettre entre les mains de l'autre.

D'autre part, savoir tomber est un art important lorsque l'on commence à faire des tricks plus avancés ou plus dynamiques. Il peut être très utile de s'exercer aux chutes de manière contrôlée. Les sessions d'entraînement où le flyer pratique comment devenir attrapable et comment chuter en toute sécurité quand il n'y a pas de spotter sont indispensables pour tous ceux qui n'ont pas de background de gymnaste ou de circassien. Ces sessions construisent la confiance et réduisent la crainte des chutes imprévues.

6. Base

La base est bien plus qu'une plateforme stable pour le flyer. Elle constitue une part essentielle du système de sécurité et agit de facto comme le premier spotter. Par exemple, en cas de chute, elle va absorber au maximum l'énergie pour que le flyer atterrisse dans les meilleures conditions possibles, malgré la gravité. Elle doit également apprendre à éviter les réflexes qui pourraient mettre en danger le flyer, comme par exemple agripper les pieds lors d'une chute d'un F2H.

S'il est courant d'appeler la base le premier spotter, il est important de rappeler qu'elle doit également assurer sa propre sécurité, le spotter se concentrant principalement sur le flyer. En cas de chute, elle doit positionner ses mains et ses pieds de manière à pouvoir se défendre, protégeant ainsi son propre visage, tout en enveloppant ou stoppant la chute du flyer si nécessaire.

Un flyer dans les airs compte sur la solidité et la capacité de réaction de sa base; et cette confiance est bien fondée lorsque la base prend activement des mesures pour s'auto-protéger tout en protégeant son partenaire. C'est une partie difficile du rôle, pour cette raison l'utilisation de spotters sera d'une grande aide.

7. Matériel

Lorsque disponible, il ne faut pas hésiter à utiliser le matériel de sécurité mis à disposition. Bon nombre de jams ou d'évènements mettent à disposition des crash mats, ceintures ou longes. Veillez néanmoins à utiliser le bon matériel pour la bonne acrobatie. De même, longer quelqu'un est une technique qui s'apprend. Assurez-vous que la personne qui vous assure sache ce qu'elle fait.

Il existe également du matériel plus spécifique pouvant éviter des lésions à long terme, tels que les coussins à mettre sous les reins qui absorbent les chocs et aident à la souplesse, les blocs/canes de handstand qui soulagent les poignets, etc Selon votre pratique, n'hésitez pas à investir dans ce qui vous sera utile.

8. Ecouter son corps

Un acroyogi devrait savoir quand son corps lui signale de faire une pause. Ignorer ces signaux peut mener à des blessures. Le repos est essentiel pour la récupération et la performance à long terme.

Certaines acrobaties demandent une certaine capacité physique et mentale. Avant de s'envoler, les partenaires se doivent d'être suffisamment en condition. Une préparation physique adaptée peut alors devenir essentielle pour renforcer le corps et prévenir d'éventuelles blessures. Incluez des exercices de renforcement des muscles clés, tels que les abdominaux, les muscles du dos, des bras et des jambes, ainsi que du travail de souplesse, particulièrement si vous exercez des tricks qui demandent de la force. A l'inverse, il est impératif de refuser de pratiquer un tel trick si vous êtes fatigués ou ne vous sentez pas en condition.

Conclusion

Au coeur de chaque équilibre, de chaque transition, réside la notion vitale de la sécurité. La précipitation et l'effervescence non contrôlée peuvent être une grande source de blessures et cela est la pire conclusion qu'une séance d'acroyoga puisse connaître. Chaque geste et conseil évoqué dans cet article travaille en harmonie pour prévenir qu'un accident ne vienne ternir la beauté de cette pratique captivante. En définitive, la sécurité en acroyoga n'est pas seulement une série de protocoles à suivre, elle crée également un espace où la confiance peut s'installer.  


En manque d'inspiration? N'hésitez pas à suivre mon profil instagram.

N'hésitez pas à partager votre opinion ou à apporter des compléments en commentaire. Comment avez-vous trouvé cet article? Avez-vous été témoins d'accidents?

Play safe


Merci à Laura Angeles et Ophélie Poirier pour leurs relectures.

Partager 

Laisser un commentaire
Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.

1 + 3 =
Les dernières entrées
Catégories
Voir ci-dessus Voir ci-dessous