L'acroyoga: entre quête ludique et poursuite de l'excellence

29 mars 2024 - Acrobatie - Commentaires -

Il y a déjà un certain temps, Hobs a publié un article très intéressant sur FB au sujet des différences entre l'entraînement et le jeu lorsque l'on parle d'échange en acroyoga. Cet article reprend en français certaines notions qu'il a abordées en y ajoutant comme toujours une touche personnelle.

FABRICE PIÑOL

Dans le vaste univers des acrobaties, la diversité des pratiquants est fascinante. Certains viennent chercher un moment de divertissement, une escapade ludique où les acrobaties ne sont qu'un prétexte avec lequel on joue. C'est le côté social et l'échange qui prédominent. D'autres se lancent dans une quête de dépassement de soi et de raffinement technique. C'est la quête de la performance. Tous sont unis par un langage commun : l'acroyoga. Cependant, la communication peut s'avérer compliquée si les personnes ne sont pas sur la même longueur d'onde.

L'équilibre entre jeu et entraînement

L'acroyoga n'est pas qu'une discipline; c'est un espace de liberté où chacun peut moduler son approche entre le jeu et l'entraînement. Beaucoup de personnes dédient environ 80% au jeu et 20% à l'entraînement, ce dernier visant à être plus libre dans leurs phases de jeux. Personnellement, je dédie une part plus importante à l'entraînement. Trouver son équilibre n'est pas toujours aisé, car il nécessite d'être à l'écoute de soi-même et des autres.

Les événements communautaires comme les jams, sont des exemples parfaits où ces deux mondes se rencontrent. Pour certains, obtenir la maîtrise d'un mouvement après de nombreux essais est une joie incommensurable, alors que pour d'autres, le simple acte de partager et d'échanger avec la communauté vaut tous les entraînements du monde. Il convient d'être en phase avec son partenaire ou son groupe pour que cela fonctionne. Il est également possible de changer son focus au cours de la session: commencer la jam par entraîner un mouvement avec une personne concrète, puis aller jouer avec la communauté. Toutes les variantes sont possibles.

Attardons-nous sur les spécificités de ces deux environnements.

L'entraînement: le chemin vers l'excellence

Les personnes cherchant à s'entraîner veulent développer leurs habilités techniques, travailler leur force/souplesse et aborder des tricks de plus en plus compliqués. En un mot: progresser. Les raisons peuvent être diverses: la performance, réalisation de spectacles, l'envie d'enseigner, le dépassement de soi, etc... C'est parfaitement louable.

Pour ceux-ci, les séances d'acroyoga sont méthodiques et intentionnelles. Plus les acrobaties deviennent compliquées, plus elles demandent une bonne calibration et précision avec son partenaire. Pour cette raison, ces acroyogis travaillent principalement par deux ou en petit groupe, afin de s'améliorer plus rapidement. Ils passent plus de temps sur les mêmes mouvements, afin de les rendre plus aisés. Pour les personnes venant de l'extérieur qui favorisent le jeu, les personnes voulant s'entraîner peuvent paraître très fermées, distantes voir arrogantes. En réalité, c'est juste leur focus qui est différent. Il faut l'accepter et ne pas le prendre personnellement.

L'aspect ludique: le jeu comme moteur d'apprentissage

Lorsque quelqu'un aime jouer, il va chercher à se mélanger à un maximum de monde, essayer de nouvelles positions, partager des rires et des discussions, s'offrir à la spontanéité du moment. Le focus n'est plus axé sur la progression ou le développement de certaines habilités, mais plutôt sur l'échange avec les autres. C'est une approche plus communautaire. Cela est également tout à fait louable et constitue probablement la plus grande partie des acteurs d'une communauté.

Pour ceux qui cherchent à s'entraîner, les personnes voulant jouer peuvent sembler très demandant quant à leur temps, égoïstes et pas prête à investir la même énergie vis-à-vis des acrobaties. Encore une fois, c'est juste les priorités qui diffèrent, il faut juste l'accepter.

Comment se comporter?

Dans les événements tels que les jams ou rassemblement communautaire, il est possible de rencontrer les deux types d'individus. Il faut commencer par se demander ce que l'on veut faire, qu'est-ce qui nous motive:

  • Envie de jouer? Trouver d'autres personnes ayant les même envies, idéalement avec un niveau similaire et intéressées par le même genre d'acrobaties. C'est la meilleure façon pour que tout le monde y trouve son compte.
Si vous êtes nouveau, vous pouvez poser des questions et éventuellement demander à quelqu'un ou un groupe de vous intégrer et vous guider. Néanmoins, si vous êtes débutant complet, prenez conscience que demander à quelqu'un de vous donner ne serait-ce que 30 minutes de son temps pour vous montrer des choses et de vous coacher, c'est beaucoup et tout le monde n'est pas disposé à vous rendre ce service. Dans votre cas, le mieux serait de commencer par vous inscrire à quelques cours, afin d'avoir quelques cordes à votre arc, avant d'aller assouvir vos envies de jeu dans les jams. 

Si vous songer à participer à votre première jam, je vous invite à lire l'article "Jam, kézako?" qui vous guidera dans cette nouvelle aventure.


  • Envie de progresser? Super. Prenez des cours, améliorez votre technique, travaillez vos bases, et trouvez d'autres complices ayant des envies similaires. Rencontrer le bon partenaire ou un groupe ayant envie de s'entraîner n'est pas facile. C'est un investissement en temps et énergie, mais qui paiera si on trouve la/les personnes adéquates. Il n'y a pas de solution miracle pour ça. Aller à une jam ou un cours permet de rencontrer du monde ayant également de l'intérêt pour l'acro, mais pas forcément pour s'entraîner avec vous. Que faire si vous n'avez pas de partenaire? Ne pas désespérer et continuer à chercher. En attendant, vous pouvez travailler sur vos habilités individuelles (handstand, renforcement musculaire, souplesse, etc) et essayer d'intégrer des groupes de travail aux jams en vous proposant comme spotter, par exemple. De mon côté, cela m'a pris des années avant de trouver des partenaires avec qui je peux m'entraîner de façon intensive et progresser comme je le souhaite.

Si vous abordez des personnes en train de s'entraîner et qui n'ont visiblement pas envie de vous inclure dans leur entraînement, ne le prenez pas mal. Ce n'est pas contre vous. Apprenez à accepter le non. J'ai  écrit un article intitulé "Encaisser un refus" qui aborde exactement ce sujet en acrobatie.

Conclusion

En embrassant toute la diversité des pratiques, ainsi que les personnes venant d'horizon différents, nous renforçons notre communauté. L'acroyoga veut créer des environnements inclusifs, il est alors fondamental de cultiver la patience, l'acceptation et la curiosité, car elles sont les clés dans nos connexions avec les autres. Quand quelqu'un refuse de s'associer à notre pratique, car son focus est différent au nôtre, cela ne doit pas devenir une source de discorde, mais plutôt une invitation à chercher un autre partenaire qui partage notre état d'esprit du moment.

Si vous comprenez l'anglais, n'hésitez pas à aller lire le poste original de Hobs sur FB, disponible ici.

Je vous invite à chercher et prendre connaissance des jams, cours et workshops dispensés dans votre région. Mes prochains workshops sont listés ici.

En manque d'inspiration? N'hésitez pas à suivre mon profil instagram.

N'hésitez pas à partager votre opinion ou à apporter des compléments en commentaire. Comment avez-vous trouvé cet article? Avez-vous vécu des situations similaires?

Play safe

Merci à Clémence LeBlanc pour sa relecture

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